Une recherche d'équilibre
J’aimerais ici aborder un thème qui est bien souvent au cœur du quotidien des personnes HPI.
Il s’agit de la capacité de sur adaptation de ces profils qui conduit parfois à la création d’un faux self théorisé par Winnicot notamment. A noter que ce n’est bien sûr pas exclusif aux HPI.
Ce phénomène je l’ai vécu moi même.
Au départ c’est un positionnement de confort qui fini par se transformer en frustrations. Parfois même à un mal être envahissant.
Cette suradaptation implique bien souvent une soumission à des exigences professionnelles ( voire personnelles ) afin de se sentir plus « confortable » dans sa vie.
Cela se fait pourtant au mépris de ses propres rêves et désirs.
Le phénomène peut même s’amplifier en entreprise. Le collaborateur perçu ou reconnu comme HPI va bien souvent être sollicité encore plus. Car il est capable, il va le faire. Son supérieur hiérarchique le sait. Et lui même le sait. On attend qu’il développe toutes ses capacités pour organiser, décider ou encore contrôler les tâches qui lui sont dévolues.
Sans prendre en compte les spécificités du profil HPI la stratégie de l’entreprise finit par renforcer le conformisme de ces collaborateurs à haut potentiel … Bien souvent leurs capacités créatrices sont sous exploitées.
De même, dans cette logique implacable, le HPI n’a pas toujours les moyens de mobiliser l’introspection nécessaire pour faire face à cette situation tant cette mécanique d’adaptation est solidement ancrée.
La construction du faux self me semble prendre naissance dès le plus jeune âge.
« Il/elle est intelligent ce petit ! », « il/elle fera de longues études » … C’est « logique ». On parle ensuite de « brillante carrière » à venir.
Toutes ces phrases, tel un conditionnement presque quotidien, je les ai entendu. Il n’y a que des bonnes intentions derrière. Mais le mythe de l’excellence se substitue alors à l’idéal du moi ( voir Aubert et De Gaulejac ).
La « réussite » passe par le biais du conformisme, de cette voie d’excellence qui se concrétisera ( ou pas ).
A quel prix ?
Celui de la dissolution de ses talents et de ses désirs les plus personnels.
On veut se sentir en parfaite adéquation avec son environnement et finalement faire plaisir à sa famille, son école et plus tard son entreprise.
Certains réussissent à construire un faux self presque parfait où en apparence tout va bien, tout est « conforme ». De grandes études et de grandes responsabilités.
D ‘autres essayent de résister et vivent parfois un sentiment de mélancolie presque permanent. Sans savoir toujours d’où il vient. Ils se réfugient dans une sorte de bulle intérieure, ressentent un mal être.
Ils n’ont pas accompli ce que l’on attendait d’eux. Mais ils se sentent tiraillés entre la construction d’un faux self inachevé et des désirs personnels inavoués. Une sorte d’état intermédiaire ponctué de moments « conformes » et d’autres de souffrances intérieures. Certains vont procrastiner , d’autres s’enfermer dans une sorte de monde hermétique et avoir tendance à s’isoler.
Le faux self est un mécanisme de défense contre un environnement. Winnicot l’a parfaitement théorisé. On perçoit un risque important à montrer sa vraie personnalité, à exprimer ce que l’on veux vraiment.
J’ai pour ma part construit plusieurs faux selfs … Suivant l’environnement où je me trouvais ( pro ou perso ), le cercle d’amis avec qui j’étais ( les amis du sport, les amis des soirées, les amis du travail, …). C’est un phénomène épuisant psychologiquement mais qui se met en place pour une bonne socialisation ( dans l’esprit du HPI ) en s’adaptant à l’autre.
Plus le temps passe et plus il devient alors compliqué de faire émerger son vrai self. On se sent reconnu et apprécié pour son faux self et sa vraie personnalité devient presque inaccessible.
A cela s’ajoute des situations que les profils atypiques connaissent bien : la culpabilité de ne pas bien faire, de ne pas en faire suffisamment, l’anxiété …
Finalement ce potentiel ne s’exprime pas comme il le faudrait. Se conformer à une situation par le biais d’un faux self réduit considérablement la possibilité d’apprendre de nouvelles choses en s’appuyant sur ses envies profondes, un besoin récurrent chez les HPI.
L’insatisfaction du moment présent se retrouve aussi souvent, amplifiée là encore par son propre positionnement en décalage avec son moi profond.
La satisfaction immédiate du désir de l’autre passe avant ses propres désirs. On se construit l’illusion que tout va bien pour se préserver. Encore un peu.
Alors … Le sacrifice d’une part de soi au profit de ce faux self est il le prix à payer ?
Celui d’éviter la souffrance qui peut se retrouver dans le rejet de l’autre, celle de se sentir « non conforme » .
J’ai pour ma part mené une quête personnelle de plusieurs années. J’ai déconstruit ces faux selfs pour me reconnecter à moi même. L’inconfort était trop grand.
Acquérir la perception de ce que l’on est demande un travail d’introspection et de réflexion, une volonté de changement pour retrouver ses valeurs et ses besoins.
Être tout simplement en accord avec soi.
J’entends, en tant que coach, accompagner tout particulièrement les profils atypiques dans ce travail dans une relation bienveillante et sécurisante. En utilisant des outils créatifs et un questionnement permettant d’aller au delà de ce qui est.
Pouvoir se projeter dans un nouvel objectif de vie, qu’il soit professionnel ou personnel, en adéquation avec ce que l’on ressent au plus profond de soi, débarrassé de ce faux self pesant c’est partir à la découverte d’un soi autonome et innovant.
La réponse est en vous. Elle viendra vous chercher. « Suivez vos rêves ils connaissent le chemin ».