L’alliance n’est pas un concept propre au coaching, loin de là.
On retrouve cette notion essentiellement en psychothérapie. Mais cela ne signifie pas qu’on ne va pas la retrouver en coaching …
Alors qu’est ce que l’alliance ?
Dans le livre « La boite à outil du coaching » ( Ammiar / Kohneh-Chahri ) on peut y lire :
« Le coach et son client seront ainsi « en alliance » s’ils sont d’accord sur les trois points suivants :
Les finalités du coaching : c’est-à-dire ses objectifs, les valeurs qui seront respectées lors de l’accompagnement…
La qualité de leur relation : l’intuitu personae notamment, se sont-ils bien choisis librement et ont-ils envie de travailler ensemble ?
Les modalités pratiques de l’accompagnement : les moyens, outils ou techniques qui seront mis en œuvre, son coût, le lieu et la durée des séances, la gestion des annulations et des retards…〉 »
L’alliance coach/client va se créer ( ou pas ! ) dès le premier contact. C’est un facteur clef de réussite du coaching.
Outre l’importance de poser un cadre à l’accompagnement et de répondre aux questions légitimes qui peuvent se poser l’alliance est un lien subtil qu’il est difficile d’expliquer voir de « théoriser ».
La plupart des études concernant l’alliance se sont faites sur le terrain de la psychothérapie.
Freud, Lacan et bien d’autres s’y sont intéressés.
N’étant pas psychologue j’aborderai les choses au regard de ma pratique de coach sans pour autant proposer de vérités absolues. Simplement des axes de réflexions.
Une étude a pu démontrer que l’alliance se doit d’être souple et adaptative ( (Despland, Zimmermann, de Roten, 2006 ; Despland & de Roten, 2009) ).
L’adaptation devant se faire au regard des évolutions permanentes en cours d’accompagnement.
Est ce à dire que l’alliance doit forcément s’attacher à aller constamment dans le sens du client ?
Ici il est important je crois de définir ce qui va dans le sens du client.
Si l’on signe mutuellement un contrat au départ du coaching c’est pour fixer des règles mais aussi des objectifs ou des indicateurs de mesure de réussite.
A partir d’un accord mutuel de travailler ensemble il va se dérouler une série d’évolutions et de questionnements.
Le rôle du coach c’est aussi de savoir être confrontant avec bienveillance afin d’aller dans le sens d’une recherche de solution… sens vers lequel le client a parfois du mal à accéder.
C’est donc un équilibre perpétuel à trouver. Il est fait de mouvements constants.
Il est fait de rapprochements et de distances.
Lorsque par exemple on accompagne une personne HPI qui a pu développer un « faux self » devenu envahissant pour elle il est important de tenter de comprendre cette réalité et de s’y connecter.
Mais il est tout aussi important de l’aider à déconstruire et reconstruire.
L’alliance ne pourrait ici se résumer à valider sans cesse ce faux self qui n’aurait pour conséquence que de l’auto alimenter.
Concrètement, après une phase exploratoire de sa réalité il sera nécessaire de proposer des tâches, de travailler des objectifs et de poser des plans d’actions .
On passe ainsi de l’accueil inconditionnel du client vers l’accueil inconditionnel de la réalisation de ses objectifs.
L’alliance se construit aussi dans le temps.
Elle peut se renforcer progressivement ce qui fait que l’on peut se permettre au fur et à mesure de prendre une certaine distance sur son client pour recentrer les choses vers la construction d’une nouvelle réalité qui sera plus en accord avec ses aspirations.
Ce mouvement perpétuel d’attachement/détachement est loin d’être totalement conscient et prévisible à mon sens. Et quelque part tant mieux.
Il ne réside pas dans une technique bien précise mais s’intègre dans une relation humaine faite de complexités et d’inconnues.
Comment créer l’alliance ?
C’est probablement une question légitime. Je crois toutefois qu’elle ne se créé pas par un acte volontaire et calculé.
C’est là un certain paradoxe. L’alliance doit se faire sans être recherchée.
D’où l’importance en tant que coach d’avoir constamment une réelle authenticité dans le déroulement de sa pratique vis à vis de son client. L’authenticité n’est pas faite de vérités absolues ni d’arguments commerciaux bien ficelés.
C’est un mélange d’humilité et de bienveillance au service d’une situation qui est unique et singulière.
C’est l’acceptation de ses failles et de ses doutes en tant que coach mais aussi la croyance inaltérable que son client dispose des ressources nécessaires pour accomplir ses objectifs.
Toutefois tout cela ne doit pas se faire sans filets. D’où l’importance de poser un cadre. D’avoir une éthique et une déontologie bien établie. De poser les conditions de réalisations de l’accompagnement. C’est un ensemble sécurisant et sécurisé. A l’intérieur nous naviguons ensemble.
A noter qu’une étude parue en 1993 ( Henry et al ) a cherché a savoir si une formation sur l’alliance était aidante sur la construction de celle-ci. C’est l’inverse qui a été démontré. Les thérapeutes ayant suivi cette formation ont constaté une dégradation de la relation avec leurs patients.
Cela démontre à mon sens la nécessité de percevoir l’alliance comme un processus unique et différent à chaque coaching.
Nécessité encore de le percevoir comme un concept fluctuant sur lequel il est peut être utile et aidant de ne pas vouloir le créer en tant que création volontaire, structurée et consciente.
Il est possible que l’alliance se créée plus facilement avec l’expérience.
Difficile je crois d’en définir toutes les causes. Peut être par le fait qu’un lâcher prise s’opère au fur et à mesure. Le coach intègre peu à peu ses outils, sa posture, sa philosophie, sa vision, ses techniques, sa conscience de soi et sa confiance en l’autre dans une façon d’être présent naturellement. A l’écoute.
N’oublions pas aussi que le fait d’être « choisi » par son client est déjà un acte fort en terme d’alliance.
L’alliance se fait dans la dualité et se retrouvera dans l’unité du coaching qui sera créatrice si l’on sait s’adapter aux mouvements naturels des choses. Car l’alliance encore une fois est mouvante voir fluctuante.
En psychothérapie l’alliance thérapeutique a notamment été développée ces dernières années par Charly Cungi spécialiste des TCC.
Il a pu démontrer tout l’intérêt du rapport collaboratif dans le cadre de l’alliance qui se noue en séances.
En s’appuyant sur ses travaux on peut faire émerger 3 axes d’attention pour le coach afin de se mettre en situation optimale pour nourrir et développer l’alliance :
> L’auto observation :
Analyser ce qui se passe en soi, en tant qu’accompagnateur, sur le registre des émotions et des pensées pendant la séance.
En quoi le ressenti perçu est il aidant pour mon client ? Ou bien au contraire qu’elles sont les conséquences potentiellement négatives de mes émotions ?
Il y a aussi un travail a mener sur ses pensées automatiques, ces idées qui viennent instinctivement et qui peuvent venir impacter son questionnement par exemple.
> L’observation du client :
Quelles sont ses réactions ? Éventuellement ses résistances. L’observation et l’écoute de ce qui est dit et non dit va apporter des éléments précieux.
> L’observation de la relation :
Comment se passe les échanges ? Y a t il une complémentarité qui se met en place ? C’est aussi l’occasion d’avoir une réflexion sur sa posture de coach et le retour de son client.
Cette observation de ce qui se passe, sur 3 plans, permet de se questionner au service de l’alliance et plus globalement dans l’intérêt des objectifs du client.
Mais que serait l’alliance sans bienveillance, non jugement et posture basse que l’on retrouve dans le coaching ?
C’est un point d’attention qui ne se recherche pas mais qui s’alimente avec authenticité. C’est un chemin de questionnements et parfois d’humilité.
L’alliance est un socle à la fois puissant et souple qui participe grandement à la réussite d’un coaching.
Référence et pour aller plus loin voir cette méta analyse au sujet de l’alliance en coaching