Dans ce nouvel article j’ai essayé de réfléchir sur la notion de potentiel. Dans le HPI on peut avoir tendance à se focaliser sur le potentiel intellectuel. C’est assez logique me direz vous … Pour autant lorsque l’on cherche à mieux se comprendre, à trouver comment exprimer ce fameux potentiel, il me paraît nécessaire d’élargir sa vision. Au delà des particularités propres à chacun nous sommes toutes et tous dans des réalités différentes. Et c’est à partir de là que je souhaite faire le lien avec le potentiel de situation.
L’expression de soi, peu importe la forme que cela peut prendre, nécessite à un moment ou à un autre, de s’inclure dans le réel. Que ce soit une décision, un objectif, une problématique à résoudre…la prise en compte du contexte est bien souvent un élément clef.
Sans intention de proférer une vérité ( la vérité, si tant est qu’elle existe, appartient à chacun ! ) je tente ici d’introduire une réflexion qui n’est pas nouvelle et qui s’inspire de la philosophie chinoise et qui est parfois en opposition avec nos modes de pensées occidentales.
Dans le haut potentiel intellectuel il y a cette notion de potentiel qui me paraît vraiment centrale et déterminante.
C’est parfois cette variable, cette promesse d’un devenir, qui est difficile à intégrer.
Je crois que ce qui est parfois à l’œuvre c’est aussi la limite d’une réflexion analytique.
Si l’on a tendance à ramener cette idée de potentiel uniquement à soi on pourrait se dire que finalement le premier travail à accomplir c’est de se connaître soi même.
A partir de là, le potentiel sera mis à jour et donc je pourrai l’accomplir.
Cela revient, il me semble, a mettre une grande partie de cette variable sur …soi.
En un sens ce n’est pas faux et dans bien des situations cette démarche permettra d’aboutir à des réalisations concrètes et satisfaisantes.
Mais j’aimerai essayer de pousser les choses un peu plus loin.
Définir la potentialité uniquement centrée sur soi me paraît devoir être assoupli au regard de la nature systémique du monde. Et c’est là où je souhaiterai en venir sur la potentialité de situation.
En bref, passer de l’être soi à l’être au monde.
Vaste chantier me direz vous … J’en suis bien d’accord !
Mais lorsque l’on se donne comme ambition de développer son potentiel on a le plus souvent l’ambition de le projeter sur le monde qui nous entoure. Bien se connaître est ce suffisant ? Ce n’est pas toujours le cas.
Je pourrai même creuser cette notion de la connaissance de soi. Jusqu’à quel point pouvons nous nous connaître réellement ? Jusqu’à quel point cette connaissance peut elle être authentique et non biaisée ? Difficile d’y répondre.
ais poursuivons sur l’expression du potentiel. Potentiel qui est centré sur l’intelligence, ou tout du moins, sur une certaine forme d’intelligence dans le HPI. Mais la potentialité est une notion qui peut ( et qui doit à mon sens ) être élargie.
Lorsque nous voyons par exemple des chanteurs avec un talent certain dans les nombreuses émissions de TV combien au final pourront faire carrière ? Je n’ai pas de statistique précise mais le nombre n’est pas très important il me semble.
Pourtant on se dit parfois que tel ou tel a vraiment une très belle voix, de la présence, un style ou encore du charisme. Qu’est ce qui fera la différence ? Est ce seulement le potentiel artistique, le don ? Parfois oui certainement.
Mais si on y ajoute le potentiel de situation, à savoir une certaine forme d’intelligence ( ou peut être simplement une stratégie ? ) au regard des circonstances que l’on rencontre alors je crois que les chances de réussites sont décuplées.
Autre exemple qui contredit le lien qui parfois est fait entre intelligence et réussite scolaire/académique. Combien de grands patrons ou de personnalités marquantes se sont imposées dans l’histoire sans avoir fait de grandes études ?
Bien souvent c’est parce qu’ils ont su développer une intelligence de situation. Cela ne contredit pas une intelligence personnelle ni même un facteur chance bien sûr. Mais lorsque l’on va dans le sens des choses on a bien plus de possibilités d’exprimer son potentiel intrinsèque tout comme … développer son facteur chance !
Bien entendu nous pouvons tout aussi bien développer des comportements qui vont venir contrarier nos plus beaux projets … Le manque de confiance en soi, la difficulté à gérer ses émotions, le syndrome de l’imposteur, la procrastination … et j’en passe. Chaque situation est différente et toutes ces variables ne peuvent pas uniquement être perçues comme négatives. Elles expriment nécessairement un ou des éléments importants.
Mais il est aussi important d’insérer tout cela dans notre perception des événements.
Et nous ne percevons que les effets qui sont le résultat d’un processus. Rien n’est figé, tout est en évolution.
Ce qui est essentiel c’est de s’appuyer sur le potentiel et considérer donc que nous sommes l’expression d’un processus.
Rester sur le potentiel intellectuel, quelque soit la façon dont on pourra le définir, pourrait être à un moment limité et conduire même à des impasses.
Combien de questions sur soi, combien de doutes accompagnent la découverte de soi ?
A quel point c’est parfois difficile de s’entendre dire que nous sommes surdoués, HPI, zèbres … et de se sentir enfermé dans cette définition. Se dire que nous pourrions faire mieux voir, pire, que nous devrions toujours faire mieux ! Et oui … ne sommes nous pas « hautement » porteur d’un « potentiel intellectuel » ?
Bien entendu c’est avec beaucoup de recul et d’humilité que je considère cette fameuse potentialité en lien avec une certaine forme d’intelligence.
Se regarder soi même est assez logique et naturel. Mais il ne faudrait pas oublier non plus de regarder autour.
Le potentiel ne se développe t il pas qu’en dehors de soi ?
Une question que l’on peut alors se poser :
« En quoi suis je vraiment l’auteur de ce que je suis ? »
Réfléchir de cette manière c’est à mon sens prendre possession du potentiel et le remettre dans l’action, dans le déroulé du monde.
Ainsi, s’attacher à percevoir les facteurs favorables et s’appuyer sur le potentiel des situations rencontrées c’est développer un potentiel de nature à pouvoir bénéficier de l’environnement là où il s’inscrit.
On se rapproche ici de la philosophie chinoise telle que l’on peut la retrouver par exemple dans ce proverbe :
« On a beau avoir une intelligence avisée, mieux vaut s’appuyer sur le potentiel inscrit dans la situation.
On a beau avoir en main le sarcloir et la houe, mieux vaut attendre le moment de la maturation » ( Mencius )
En somme ce qui compte c’est de s’appuyer sur des facteurs porteurs à l’œuvre dans chaque situation et les utiliser en sa faveur.
Cela passe par l’évaluation en tout premier lieu. Il s’agit plus d’exploiter que d’appliquer. Il s’agit plus de mouvement que d’être.
Lorsque l’on évoque le potentiel il me paraît donc important de ne pas omettre cette variable « environnementale ». Si se connaître soi même est bien évidemment important tout comme pourquoi pas se fixer des buts il peut être extrêmement profitable que d’avancer en étant attentif à ce potentiel de situation.
C’est une variable essentielle dans certaines circonstances. Variable que nous pouvons explorer en coaching et sur laquelle j’essaie d’être attentif.
Adapter sa vision du monde aux faits peut permettre par exemple d’éviter de lutter contre. C’est là je crois que la connaissance de soi peut porter tout son intérêt. Car adapter sa vision du monde aux situations nécessite de lâcher prise sur certaines croyances … et ce n’est pas toujours simple.
Nos croyances sont souvent issues de nos expériences qui construisent notre réalité personnelle.
Je pourrai ici rappeler les deux ordres de réalité dont parle Watzlawick : les événements qui se produisent ( 1er ordre ) et notre vision du monde subjective ( 2eme ordre )
Ce qui importe c’est que sa propre vision du monde soit fonctionnelle, qu’elle soit satisfaisante pour soi … chacun étant seul juge pour l’évaluer !
Dans un sens cela permet de se dégager de toute « normalité ».
Ces considérations peuvent peut être permettre d’assouplir certaines exigences dans cette recherche personnelle que je retrouve assez souvent chez les personnes à haut potentiel. Cette recherche qui vise à se comprendre, à utiliser au mieux ce fameux potentiel qui a été mis à jour … mais qui, au fond, a toujours été là.
Être sensible au monde et au mouvement des choses tout autant qu’a ses qualités propres permet d’ajuster son potentiel et de l’utiliser dans quelque domaine que ce soit sans nécessairement devoir lutter pour l’imposer.
Nous sommes là au carrefour de deux approches stratégiques. S’imposer ou s’infiltrer.
Je ne saurai dire si l’une est meilleure que l’autre. Mais je trouve simplement intéressant que de se dire que si se regarder soi même a son importance être attentif à l’écoulement des événements peut être tout aussi essentiel.
Étant moi même attaché à la singularité de chaque situation c’est bien dans chaque situation que se trouve la voie optimale a emprunter.
En tant que coach j’accompagne cette réflexion, plus largement cette ouverture, en prenant soin que ce soit chacun/chacune en tant qu’acteur de sa propre vie qui prenne ses propres décisions.
En bref
Le potentiel intellectuel s’inscrit nécessairement au sein de facteurs environnementaux.
Ainsi la démarche qui mène de soi vers soi ne doit pas faire oublier le contexte dans lequel nous sommes. Que ce soit pour définir ou accomplir des objectifs comme pour tenter de comprendre sa réalité du moment.
Le potentiel de situation tend à accroître son attention sur le contexte, définir les éléments qui paraissent favorables, utiliser sa créativité et aussi à savoir patienter si ce n’est manifestement pas le bon moment pour agir. Un « non agir » agissant puisque, finalement, par l’attente, la situation va naturellement se dérouler de façon à permettre que sa propre action finisse par s’insérer dans le cours des choses …
Cette approche est particulièrement intéressante lorsque l’on se demande si il faut parler de son HP. Et, derrière cette idée de dire que l’on est HP il y a bien souvent l’envie de faire comprendre ce qu’est sa réalité au regard de cette particularité. Utilisons alors le potentiel de situation, soyons attentif au contexte et agissons ( ou pas ) en s’appuyant sur ce qui, justement, constitue aussi notre réalité.
Sources et pour aller plus loin :
F.Jullien « Traité de l’efficacité » – « Les transformations silencieuses » – « La pensée chinoise : en vis à vis de la philosophie »
Yi king : Le Livre des transformations