On retrouve aujourd’hui un certain nombre d’offres différentes en matière de coaching.
Cela démontre à mon sens la grande richesse de ce métier et la diversité qu’il propose.
Si l’on dit parfois qu’un coaching ne se vend pas mais qu’il s’achète il me paraît tout aussi essentiel de revenir sur certaines situations où le coach peut, voir doit, refuser d’entamer un coaching.
Peut être que cela va à l’encontre de certaines pratiques commerciales ( dans lesquelles je ne me reconnais pas ) mais à l’inverse cela vient en faveur d’une déontologie et d’une éthique qui me paraissent essentielles.
Car oui … Le coach peut refuser un coaching. Ce n’est pas fréquent bien entendu mais il est important d’avoir toujours en tête cette option là.
Bien souvent on pourra l’activer lors d’un premier échange. Je listerai ici quelques situations non exhaustives qui me paraissent compromettre la bonne réalisation d’un coaching :
> Coacher un proche :
Que ce soit un membre de sa famille, un ami ou encore un collègue de bureau avec qui l’on peut avoir un lien hiérarchique.
Dans ces situations les « jeux » d’influences ou psychologiques seront trop présents. Il sera en effet difficile voir impossible d’accompagner une personne proche en tenant une posture et un cadre qui soient satisfaisants.
Du coté du coaché peut être que tout ne sera pas dit. Qu’il y aura de la gène, des souvenirs communs trop présents, une réflexivité sur ses propres pensées qui pourraient fortement impactées le contenu des séances.
Idem du côté du coach … Sera t il assez confrontant ? Pas trop bienveillant ? Est ce qu’il réfléchira par deux fois avant de poser telle ou telle question ? Évitera t il l’influence ou le conseil ?
> Coacher sur une problématique trop ancrée dans le passé
Le coaching n’est pas de la psychothérapie. Même si en pratique certaines situations peuvent être complexes a évaluer il est essentiel d’être attentif sur ce point.
Une personne en pleine dépression par exemple ne pourra pas être coaché dans des conditions suffisamment sécurisantes.
En amont on peut orienter cette personne vers un professionnel compétent pour une prise en charge adéquate de sa problématique.
L’on peut tout aussi bien interrompre le coaching. Il n’est pas toujours aisé de mettre à jour une situation ne relevant pas du coaching lors d’un premier échange.
Néanmoins je crois aussi beaucoup à la complémentarité du coaching et de la psychothérapie. Si l’objectif travaillé en coaching ne relève pas directement d’un problème psychologique cela peut être un excellent choix. Tout cela se doit d’être évalué au cas par cas.
> Non entente sur le cadre ( pas de négociation)
Le cadre offre un espace de liberté. Et pour que cet espace de liberté puisse être exploré dans les meilleures conditions il est nécessaire de s’assurer de l’accord mutuel sur celui-ci.
Si quelques ajustements sont toujours possibles ils ne doivent pas se faire au détriment de la déontologie.
J’adhère pour ma part à la charte déontologique établit par l’EMCC.
Le départ d’un coaching se matérialise par un contrat qui se doit d’être le plus clair possible.
Il est nécessaire également de rappeler que le coach n’est pas un conseiller. Une personne qui souhaiterai obtenir des réponses de la part du coach pourrai se méprendre sur un objectif majeur du coaching : celui de son autonomie.
Si la situation se présente il est important à mon sens de bien rappeler le cadre. Il ne s’agit pas ici d’être confrontant. Bien au contraire … C’est en rappelant que les réponses vont émaner de la personne elle même que l’on va lui redonner cette autonomie, cette capacité d’action qui lui permettront d’avancer dans la bonne direction.
Enfin, dans le cadre d’un contrat tripartite si l’indépendance du coach et/ou la confidentialité des échanges ne sont pas assurés il est important de refuser toute prestation.
> Sécurité financière non assurée
Le coaching peut représenter un effort financier. N’en déplaise à certaines approches un peu trop commerciales à mon goût il est nécessaire selon moi de s’assurer, dans la mesure du possible, que le coaching ne viendra pas compromettre la sécurité financière d’une personne.
Il sera possible par exemple de le reporter. Éventuellement pour le coach d’adapter sa tarification en échelonnant les règlements par exemple.
Ce point va pouvoir être éclairci lorsque le cadre sera posé.
Rappelons également que plusieurs solutions existent pour les personnes avec des revenus modestes dans le cadre de coaching solidaires.
> Pas de compétence ( a priori ) suffisante du coach
Ici il s’agit plutôt d’un ressenti personnel mais qui peut traduire selon moi une forme de bienveillance associée à une certaine éthique.
On peut être, en tant que coach, face à une situation pour laquelle on ne sent pas « compétent ».
Ces situations peuvent peut être se présenter un peu plus souvent au démarrage de ses activités de coach. Lorsque parfois on ne sent pas encore très serein face au doute … Ou bien qu’une situation fait trop écho à une situation déjà vécue personnellement et pour laquelle on n’a pas encore suffisamment travaillé sur soi.
Plutôt que de s’engager dans un coaching pour lequel on ne sent pas à l’aise on pourra proposer à son client de contacter un autre collègue coach par exemple.
Commercialement est ce un client perdu ? Pour ma part je ne le pense pas. Bien sûr la prestation ne va pas se faire. Mais peut être a t on aussi démontré un certain état d’esprit. De l’humilité, de l’intérêt que l’on porte a la personne qui nous contacte. Quelque part c’est aussi cela, pour moi, être coach.
Au delà de ces situations cela viendra bien sûr questionner sa propre pratique..
Dois je forcément rester dans une zone de confort ? Qu’est ce que cette situation dit de moi ?
Ici la supervision sera un axe de compréhension et de développement majeur.
> Manque d’engagement du client
Le coach a une obligation de moyen et le coaching finalement est une co-construction avec son client.
Si il peut y avoir des fluctuations dans la motivation on pourra éventuellement les travailler pour permettre d’avancer vers les objectifs définis.
Mais si la motivation est en panne, que les rdv ne sont pas honorés, que les propositions de mises en actions ne sont pas réalisées … Il est peut être temps de suspendre au minimum le coaching.
Si les tentatives de recadrages ou de travail sur la motivation ne suffisent pas peut être que ce n’est tout simplement pas ( ou plus ) le bon moment.
Pour le coach comme pour son client le bénéfice de suspendre le coaching est supérieur à celui de vouloir le poursuivre absolument car au final … on tourne en rond.
Cela peut aussi permettre une certaine prise de conscience et renvoyer ( sans jugement ) le client à ses propres responsabilités.
> Pour conclure :
Ces situations ne sont pas très nombreuses mais il me semble essentiel de garder à l’esprit qu’il faut être attentif dans chaque situation à rester en cohérence avec soi même et vis à vis de la personne qui nous contacte.
Il peut s’agir d’éthique personnelle, de déontologie. Plus largement d’un savoir être dans la pratique du métier de coach.
Car oui, je crois aussi que c’est en démontrant que le coach peut ( ou doit ) refuser une prestation qu’il valorise sa profession.