La pensée positive ce n’est pas magique …

Dans une étude intitulée : « Quand la poursuite du bonheur se retourne contre lui : le rôle de la valorisation des émotions négatives » il a été mis en lumière un aspect parfois contradictoire de la pensée positive : accorder une grande valeur au bonheur peut ironiquement conduire à un bien-être moindre.

L’étude en question reste cependant assez nuancée et reconnaît tout de même que développer une pensée positive peut avoir un réel impact sur son bien être.

Mais elle précise également que le plus souvent c’est le fait de se sentir obligé de penser positivement qui peut amener à l’effet inverse. En somme la pensée positive c’est bien mais encore faut il y croire !

Si l’on se répète par exemple des phrases positives continuellement et que rien ne change que peut il se passer ? Au fur et à mesure on risque de se sentir démotivé avec un jugement envers soi de plus en plus sévère. Ça doit marcher mais ça ne marche pas donc c’est bien la preuve que je ne peux pas y arriver … Et voilà comment on se retrouve à obtenir l’effet inverse.

Par ailleurs cela peut aussi conduire à ne pas aborder le vrai problème. Ce serait comme appliquer un filtre émotionnel. Un filtre bien fin ceci dit … Il est donc préférable d’être à l’écoute de ses émotions et d’y réfléchir avant d’utiliser la pensée positive.

Mais les auteurs insistent également sur plusieurs points :

> Valoriser le bonheur ou prioriser la positivité :

Faire de la positivité une priorité serait plus aidant que de valoriser le bonheur. La nuance n’est peut être pas évidente mais on peut faire la distinction avec ces deux affirmations :

«Si je ne me sens pas heureux, c’est peut-être que quelque chose ne va pas chez moi». ( valorisation du bonheur )

«Je recherche et nourris mes émotions positives» ( prioriser la positivité )

Nous voyons ici toute l’importance de cette nuance. Prioriser la positivité est ce qui paraît le plus aidant.

> Accepter les moments où l’on se sent moins heureux :

Ici on insiste sur la recherche indirecte du bonheur en acceptant le fait qu’il peut y avoir des hauts et des bas. L’important se situe donc plus dans son attitude vis à vis de ses émotions plutôt que dans le fait de se centrer sur le but à atteindre.

« Si notre objectif est d’être heureux en permanence, nous pouvons avoir l’impression que les moments difficiles nous empêchent d’atteindre notre but. Mais si nous donnons la priorité à la positivité, nous sommes alors moins préoccupés par ces sentiments: nous les considérons comme des ingrédients d’une bonne vie faisant partie du voyage global. »

La pensée positive reste un moyen efficace de soutenir une phase de changement.

Dès le départ on formule des objectifs en termes positifs. Si vous souhaitez « ne plus perdre mon temps » par exemple il conviendra de se demander ce que vous voulez obtenir à la place.

Par la suite il est évident que d’être dans un état d’esprit positif est un élément clef.

On pourra d’ailleurs « l’évaluer » en cours de coaching par divers moyens comme des questions à échelles.

Par exemple :

« Quelle est aujourd’hui votre confiance pour résoudre ce problème sur une échelle de 1 à 10 ? ».

Suivant le résultat on pourra en faire ressortir des ressources, des options, de nouveaux objectifs pourquoi pas.

Ainsi il convient parfois de s’éloigner de l’injonction « sois heureux ». Bateson écrivait déjà que « pour atteindre un but il faut l’abandonner ».

Raisonner de façon linéaire peut parfois conduire à des situations qui finissent par se tendre progressivement.

Toute action à tendance à produire des effets dans un mouvement circulaire où les rétro actions sont nombreuses. Il est essentiel selon moi d’y être attentif et de ne pas se focaliser uniquement sur le but à atteindre ( qui serait ici le bonheur mais on peut le généraliser à tout but à atteindre).

L’accompagnement par un coach peut permettre de faciliter l’accès à cette sorte de conscience élargie et de dépasser des obstacles. Parfois cela peut se jouer dans un certain « lâcher prise » qui n’est pas l’abandon d’un but mais plutôt une ouverture vers de nouvelles solutions.

 

Voir :

shley Humphrey, Rebecca Szoka & Brock Bastian (2021) Quand la poursuite du bonheur se retourne contre lui : le rôle de l’évaluation des émotions négatives, The Journal of Positive Psychology, DOI : 10.1080/17439760.2021.1897869